lundi 12 décembre 2022

Une école en mémoire de Mary : Une belle histoire pour commencer…

« Ils ont quitté leurs terres,

leurs champs de fleurs et leurs livres sacrés,

traversé les rizières,

jusqu’au grand fleuve salé » …


Vous connaissez sans doute les paroles de la chanson « Plus près des étoiles », dans laquelle le groupe Gold raconte l’exil des sud-vietnamiens fuyant le régime communiste à la fin des années 70. Et comme l’explique la chanson, c’est au péril de leur vie, qu’ils ont pris la mer, « pour oublier les rivages brûlants »...

L’histoire les a nommés les « Boat People » .


Le 27 août 1977, le pétrolier Miralda fait route, en mer de Chine, les cuves chargées des 200 000 tonnes de pétrole, qu’il doit acheminer . A son bord, tout le monde connaît François Mingant, natif de Plouarzel dans le Finistère, qui est un bosco (maître d’équipage), respecté et fort apprécié.


François Mingant


C’est à l’âge de 12 ans que François a débuté sa vie professionnelle dans une ferme, puis en 1945, c’est en tant que volontaire qu’il s’est engagé comme fusiller marin en Indochine. Les atrocités de cette guerre l’ont longtemps tourmenté. Mais la vie devait continuer et l’appel de la mer et l’envie de découvrir de lointaines contrées ont mené François vers une carrière dans la marine marchande.


A bord du Miralda, le soleil venait à peine de se lever, lorsque à travers l’objectif de ses jumelles, François a repéré, au large, une vieille barcasse éventrée qui menaçait de couler. A son bord, 3 bébés, 27 enfants, 4 adolescents, 21 femmes et 15 hommes risquaient de se noyer. Terrifié par le spectacle de ces 70 Boat People vietnamiens que la mer s’apprêtait à avaler, François a alerté son commandant et lui a demandé d’intervenir pour tenter de les sauver.

Malgré son insistance, sa requête fut refusée.




Alors n’écoutant que son cœur, François a convaincu une grande partie de l’équipage de se mobiliser pour l’aider. Et c’est ainsi qu’une négociation ardue, à bord du pétrolier, a forcé le commandant à dévier sa trajectoire pour porter assistance aux naufragés.

Lorsque le Miralda est rentré au port, François fut convoqué par sa direction et très lourdement sanctionné puisqu’il a été rétrogradé.




Son grand cœur lui a fait perdre sa fonction de maître d’équipage, mais pour tous les vietnamiens qu’il a sauvé, il est resté jusqu’à sa disparition en 1983, le cher Monsieur Bosco qui les avaient sauvés.

C’est ainsi que débutaient les lettres des vietnamiens qu'il a reçu pendant de nombreuses années.

François n'a jamais regretté d'avoir sacrifié sa carrière, au nom de son humanité et lorsqu'à la fin de sa vie, il racontait cette histoire, dans l'intimité de son foyer, il disait à ses enfants et petits enfants:

« La guerre m’avait donné une dette envers les vietnamiens. Je l’ai payée. Je peux partir en paix »

Cette histoire a bercé l’enfance de Mary.

François était son grand-père .

Et c'est incroyable, qu’à l’occasion du 40ème anniversaire de sa disparition, la vie, nous emmène au Vietnam, pour inaugurer une école, en mémoire de sa petite fille Mary, venue le rejoindre de l’autre côté...


Mary et son grand père


 François avec son épouse Yvonne, ses 2 filles Annick et Hélène, son beau fils Pierre et la petite Mary


Il y a parfois dans les familles, de belles histoires qui méritent d'être partagées. 

Merci à Perrine, la sœur de Mary, à Annick sa maman et à sa tante Hélène, de m'avoir offert l'opportunité de découvrir la destinée d'un homme dont la personnalité m'a beaucoup touchée.

Je vous propose de terminer ce récit par une chanson que Pierre, le papa de Mary et beau fils de François avait envie de partager.

Lorsque j’ai écouté les paroles, j’ai eu l’impression qu’elles avaient été écrites pour illustrer l'histoire que je viens de vous raconter.

Les photos que vous découvrirez dans ce montage vidéo ont été prises à bord du Miralda, le jour du sauvetage.